Lorsque des installations sont construites et mises en service, elles sont généralement sécuritaires et conformes aux codes dès le début de leur cycle de vie. Mais avec le temps, une multitude de facteurs, comme les rénovations et le changement d’usage, peuvent réduire le niveau de sécurité d’un bâtiment, d’une installation ou d’un site.
De plus, l’accumulation de changements non contrôlés au fils du temps peut altérer les facteurs de sécurité de la construction initial ou déplacer une opération ou un processus par rapport aux paramètres de fonctionnement normaux. Par conséquent, des installations auparavant sécuritaires et adéquatement protégées peuvent présenter des conditions de risques élevés de pertes, lesquelles peuvent augmenter sans une gestion suffisante du changement. Sans compter que ces pertes, y compris celles attribuables à l’interruption de processus, aux déversements, à la contamination environnementale, aux incendies, aux explosions et aux blessures entraînant des arrêts de travail, sont susceptibles de perturber les opérations aéroportuaires.
La gestion du changement (GDC) est une approche courante dans l’industrie de la transformation et l’ingénierie des procédés. Elle est souvent utilisée pour la santé et la sécurité au travail et peut être adoptée dans le cadre du comité mixte de santé et de sécurité d’une entreprise. L’objectif du processus de la GDC est d’officialiser les changements ou les propositions de changements et d’évaluer leur répercussion sur le niveau de sécurité d’une exploitation. Dans le cas des installations aéroportuaires, la GDC peut comprendre le suivi des méthodes de travail, la surveillance des déviations dans les processus de travail, l’évaluation des changements dans l’application des procédures et l’examen de la maintenance des systèmes essentiels. Du point de vue de la protection contre l’incendie et la sécurité des personnes, elle peut comprendre l’évaluation des pratiques de travail sécuritaires, comme dans le cas du travail par point chaud, de l’entreposage des marchandises (dangereuses et normales) et des changements apportés à l’usage des espaces d’une application à l’autre. Les changements auront une incidence sur les opérations terrestres et aériennes, sur les services aux passagers ainsi que sur les opérations et la maintenance en arrière-plan
Souvent, les changements, comme le roulement du personnel, les départs à la retraite, les rénovations et les efforts pour élargir ou améliorer l’offre de service dans un aéroport, stimulent le changement. Toutefois, sans un processus ou une méthode définie pour en faire le suivi, documenter les conditions ou transférer les connaissances d’un site, l’information sur les moyens de maintenir la sécurité peut se perdre. Un exemple important dans le cadre bâti est celui d’une conception axée sur l’approche par objectif ou des mesures équivalentes qui dépendent du maintien des mesures d’atténuation intégrées à la conception. Ces mesures comprennent des éléments particuliers à prendre en considération en ce qui a trait à la détection ou la suppression, l’utilisation d’un espace ou un aspect aussi simple que le type de construction ou le matériau de finition. Sans une GDC adéquate, la conception axée sur l’approche par objectif risque de ne plus réunir les conditions assurant une utilisation sécuritaire et continue.
Par ailleurs, les entreprises peuvent faire appel à des experts internes ou externes pour examiner la documentation et les processus de la GDC, effectuer des inspections et des vérifications (audits) des installations, mener des analyses de risques, documenter les lacunes et les changements, et élaborer des plans pour assurer un niveau acceptable de rendement et de sécurité. L’objectif d’un programme de la GDC est d’élaborer une méthodologie cohérente et rigoureuse afin de déceler les changements proposés, évaluer le risque d’une entreprise ou d’une installation, suivre l’évolution du changement et, idéalement, ses résultats ou son efficacité pour parvenir à l’amélioration continue. Cette méthodologie permet d’innover, tout en assurant la gestion du risque global d’un site ou d’une opération, de façon à réduire ce risque à un niveau tolérable.